Histoire de Vie de Norbert
A l’âge de 16 ans, lorsque j’ai commencé à travailler en usine, j’ai pris goût au produit alcool. Ce n’était pas une consommation excessive, elle se limitait à 2 ou 3 bières par jour, et puis, je pensais que je faisais comme les autres.
Au fur et à mesure des années, cette consommation dite festive, plus ou moins mesurée, s’est amplifiée au point de boire quotidiennement plusieurs bières, du vin, et des alcools forts. J’avais pourtant changé d’emploi mais mon comportement visà-vis de l’alcool, dans mon travail de concierge, lui n’avait pas varié. Vu les quantités d’alcool dont j’avais besoin, mon comportement tant au niveau familial, que professionnel me mettait dans la dépendance la plus complète. Je ne m’en rendais même pas compte. Au travail, les ennuis ont commencé, le mal de vivre s’est installé, des angoisses me sont venues, au pire, j’ai ressenti des idées suicidaires. En juillet 2000, une tentative avec concrétisation, mais heureusement découverte par mon épouse, a fait que j’ai été conduit par les pompiers au C H U d’Angers, où je suis resté une huitaine de jours.
A ma sortie, après le choc subit, et pendant quelques mois, je décidais de réduire fortement ma consommation, et en bref de pouvoir gérer!
Puis, victime d’une dépression, mon médecin m’a prescrit un arrêt de travail de 4 mois. Dès lors, l’alcool a
repris le dessus, encore plus fort qu’avant et les ennuis aussi bien familiaux, professionnels, et de santé ont recommencé.
Mon médecin traitant, la médecine du travail ont pourtant tout fait pour m’aider. Mon entourage (famille, amis, collègues de travail) ne me faisait plus du tout confiance. Sur mon lieu de travail, des avertissements verbaux m’ont signifié un blocage de carrière. Je ne savais pas du tout comment je pourrais m’en sortir. Je vivais alors pour satisfaire mon besoin en alcool, sabotant ma vie de famille et mon travail. Ma consommation était telle que je remplaçais le petit déjeuner (que j’avais peur de vomir) par du rosé, que je buvais en cachette. J’étais totalement tributaire de l’alcool.
Puis arriva le 19 novembre 2011, au cours d’un repas de famille et amis, je n’avais pas trop bu, mais suffisamment pour semer le « bazar ». Ma fille a justement puni son fils, ce qui sur le moment ne m’a pas plu. Il s’est ensuivi une violente dispute avec elle, à la suite de laquelle elle m’a dit que je ne reverrai plus mes petitsenfants.
Le lendemain, mon épouse, me confirmait que dans la mesure où elle ne verrait plus ses petits-enfants, elle quittait le domicile conjugal.
A partir de ce moment, complètement désemparé, je me suis dit « Norbert il faut faire quelque chose.»
J’ai donc pris rendez-vous auprès de la médecine du travail. Au cours de la consultation, une hospitalisation au service alcoologie Fiessinger a été mise en place.
A ma sortie de sevrage, malgré mon refus d’une postcure, je me suis inscrit et ai effectué un sevrage complexe de 2 semaines, puis un suivi en hôpital de jour et des entretiens avec un médecin psychologue.
Au cours de mon sevrage complexe, j’ai rencontré les associations. Je voyais bien alors que je ne pouvais pas m’en sortir tout seul.
Mon choix s’est porté sur « Alcool Assistance ». Je peux dire que le courant est passé tout de suite.
A ma sortie d’hôpital le lundi 20 janvier 2012, j’avais décidé de participer à mon premier groupe de paroles le vendredi suivant. Depuis cette date, je me suis imposé de participer à chaque réunion, de m’investir dans l’association par ma présence dans les diverses manifestations (forums, fête de la musique etc…).
Petit à petit, autour de moi, la confiance s’est installée. D’abord, vis-à-vis de mon épouse, de mes enfants et petits-enfants, puis de la part de mes supérieurs et collègues
de travail, tous m’assurent de leur considération et m’encouragent dans la démarche que j’ai décidé de suivre.
Je peux dire, avec fierté, que je vis une abstinence heureuse et ma participation et mon attachement à l’association donnent un véritable sens au choix de la nouvelle vie que je me suis imposée.
Je voudrais dire un grand merci à ma famille associative Alcool Assistance, à mes enfants et plus particulièrement à mon épouse, qui durant toutes ces années de galère, malgré sa souffrance, a su toujours rester à mes côtés.
C’est pourquoi, depuis trois ans, j’essaie de lui offrir et lui faire partager tout le bonheur de mon vécu d’abstinent heureux.
Je te remercie encore Jacqueline et ai l’immense plaisir de te dire et redire « je t’aime »
Norbert Lieu d’accueil d’Angers
« la clé du bonheur : une abstinence heureuse »